Analyse de
projets Social Design
Analyse de texte sur Bruno Latour
Comprendre la Convention Citoyenne pour le climat

PRÉSENTATION :
Romane

Parcours: Edition

Rôle: Documenter

Objectif:



GESTUAL SCRIPT
Dominique Boutet et Patrick Doan
Le projet Gestual Script a pour but de concevoir une écriture de la Langue des Signes Français (LSF), langue gestuelle utilisée par les sourds et malentendants. En effet, si les personnes sourdes peuvent utiliser le français écrit, cela constitue un véritable effort de transcription car la syntaxe française est bien différente de celle de la LSF. C’est ainsi que le projet est initié en 2007 par deux étudiants de l’ESAD d’Amiens.
Ainsi, le projet repose sur une volonté de préserver la culture sourde et d’inviter les personnes sourdes à explorer leur langue graphiquement au travers de la trace du geste.
Pour atteindre cette ambition, deux dispositifs, premièrement, la photocalligraphie qui consiste en une prise de vue photographique de personnes en train de signer. La particularité des photographies réalisées est qu’elle capte l’ensemble du mouvement réalisé. Réalisée en collaboration avec des personnes sourdes, plusieurs prises de vue de chaque signe ont été réalisées et n’était conservée que la plus lisible. Au fur et à mesure, les participants sourds ont adapté leur gestuelle à la prise de vue, facilitant la lisibilité, et créant ainsi leur propre écriture graphique, prenant peu à peu le rôle de scripteur d’une langue qui est la leur. Ce principe de photo rendant compte d’un mouvement a d’ailleurs été employé dans la réalisation de livres pour enfants, où, à la manière des photographies, les illustrations décomposent le mouvement et en gardent une trace visuelle et graphique.

Par la suite, un second dispositif de captation du mouvement a été imaginé et développé, thirdEye, une technologie de dessin en 3D est né, ainsi que Handline, un logiciel basée sur la technologie thirdEye spécifiquement pour le projet. Ainsi, seul est transcrit le mouvement des mains à l’aide de capteurs. Il en résulte une trace du mouvement effectué dans l’espace à la manière d’un dessin.

Le projet, emprunt d’engagement, constitue également au delà de sa volonté de faciliter l’emploi du langage écrit pour les personnes sourdes, une trace de cette langue qui par essence est inscrite dans l’immédiat puisque dans le geste. D’une certaine façon, le fait de répertorier graphiquement les différents signes, c’est documenter la langue.
Le projet a été étendu avec le développement de Typannot, une typographie de signes qui au terme de son développement devrait permettre une écriture informatique de la langue des signes à l’aide de la reconnaissance du mouvement.

P.A.P.I.E.R.S

PETIT ATLAS DE LA DEBROUILLE
NE ROUGISSEZ PAS
1ÈRE CONFÉRENCE SUR L'INSTABILITÉ DE LA (NOTION DE) NATURE
BRUNO LATOUR
CRISE ECOLOGIQUE : LE DENI D'UNE MUTATION IRREVERSIBLE
CONVENTION CITOYENNE
POUR LE CLIMAT
ROMANE
Fabrication Maison
et Olivier Pasquiers
Petit atlas de la débrouille est un livre créé en 2019 par le collectif Fabrication maison qui se veut un recueil d’astuces écologiques de la vie courante issue des souvenirs de personnes âgées. Il a été réalisé en collaboration avec un photographe, les résidents du foyer-logement Jacques Weil et les enfants de l’école Robert Pillon.
Le recueil est de petit format (environ A6), la couverture est en kraft afin de donner un effet « fait-main », l’impression en noir sur papier blanc. L’ouvrage présente diverses illustrations et photographie de la réalisation des astuces. La mise en page se veut épurée pour rester dans cet esprit de simplicité.


Le livre présente donc un ensemble d’astuces de la vie courante dans différents domaines comme la couture, le jardinage, la cuisine, le bricolage ou la santé. Ces astuces proviennent de différentes personnes âgées du foyer.
L’échange entre deux générations permet une prise de conscience du fait que les anciens ont à nous apprendre, faire mieux à l’heure actuelle ce n’est pas nécessairement dans l’innovation et dans la production industrielle mais dans un retour à la simplicité et au fait main. De plus impliquer les enfants d’aujourd’hui c’est sensibiliser les adultes de demain à la nécessité de changer nos habitudes pour aller vers un mode de vie plus écoresponsable. D’un autre côté, c’est aussi une façon de redonner une place aux personnes âgées que l’on considère souvent comme « moins utiles » et qui sont ainsi laissées en marge de la société.
Enfin, présenter des astuces écologiques, simples à mettre en place, c’est donner les moyens à chaque lecteur de faire un petit effort pour diminuer son impact sur l’environnement.
Ce livre s’inscrit dans un engagement écologique, alors que l’on prend conscience de la nécessité de modifier nos comportements. En effet, les problèmes liés à l’activité humaine et notamment la surconsommation sont nombreux : épuisement des ressources, pollution, souffrance et disparition de la biodiversité, réchauffement climatique, catastrophes naturelles. L’idée de recueillir des astuces simples et écologiques est ainsi à rapprocher des mouvements minimalistes, de décroissance et DIY. Cette réalisation s’inscrit dans un mouvement écologique, à l’heure où la surconsommation épuise les ressources, où l’environnement est pollué, où la biodiversité souffre des activités humaines et disparaît peu à peu et où le réchauffement climatique induit des catastrophes naturelles. Ensuite, le livre fait fonction de mémoire des savoirs-faire des anciens, en participant à la réalisation de cette ouvrage, ils permettent à ses connaissances de perdurer là où leur existence est éphémère, il s’agit donc d’une forme de documentation.
PAPIERS signifie Passeports Artisanaux Poétiques de nos Identités Emotionnelles Rationnelles et Sociales, il s’agit donc d’un acronyme qui reprend le terme «papiers » pour « papiers d’identités » pour en faire émerger des dimensions supplémentaires propres à l’individu.

Le passeport PAPIERS se présente sous la forme d’un livret de petit format A6 dont la reliure est cousue, et reprend les codes de mise en page du passeport. Il propose aux enfants dans le cadre d’un atelier au sein du Musée de l’Histoire de l’immigration de s’interroger sur leur identité en le remplissant au moyen de tampons, de dessins et d’écriture.Il existe divers coloris de couverture alors que l’intérieur est en papier blanc sur lequel les caractères et visuels sont imprimés en noir. Cette diversité de couleur s’oppose à celle des passeports classiques afin de traduire la pluralité et la diversité des identités, origines et cultures des enfants.
Le principe d’utilisation du support repose sur le détournement d’un objet institutionnel, l’usage de tampons et de dessins permet aux enfants une composition modulable et personnalisée de leur livret pour traduire leur identité en sortant des limites du passeport classique. D’une certaine façon, cela élargit la question de l’identité au-delà d’un nom, d’une date de naissance et d’une origine à ce qui fait d’eux des individus dans toute leur singularité. Ils ont en effet chacun une personnalité, une histoire, des rêves, des rêves et des aspirations qui dépassent la question de leur origine tout en l’incluant.


L’édition de ce livret et la création de cet atelier s’inscrit dans un contexte de multiculturalisme. En effet, la France est un pays cosmopolite, destination de l’immigration, on voit en elle une terre promise où trouver une vie meilleure. Au-delà de cela, son passé est également marqué par cette immigration, on peut citer l’immigration maghrébine après la seconde guerre mondiale pour la main d’œuvre. Ainsi de nombreux français sont les descendants de ces migrants, et ont pour particularité d’avoir une double culture.
Malgré qu’ils soient français, les origines de leurs parents font d’eux les cibles du racisme et de la discrimination, il est donc important pour ces enfants d’avoir conscience que leur identité est bien plus globale que leurs origines.
Il résulte de cette initiative une appropriation, un questionnement et une prise de conscience pour l’enfant de son identité au travers de la transcription de celle-ci. Plus globalement, cela permet de créer une trace et de visibiliser la pluralité culturelle des participants.

Nous sommes fréquemment confrontés dans notre quotidien aux différentes nouvelles concernant ce que nous qualifions de crise climatique. Seulement, ce vocabulaire, au-delà de ne pas cerner les réalités de la situation écologique, nous rassure quand il faudrait au contraire nous alarmer.
Il en est de même pour l’adjectif écologique, parler d’écologie c’est ne pas s’inclure dans la problématique alors que cette dernière impacte l’ensemble de nos vies dans leur intimité. Il ne s’agit pas d’une crise, elle ne sera pas passagère et la sémantique nous éloigne de cette réalité. Nous subissons une profonde mutation de notre rapport au monde et nous n’y réagissons pas à la hauteur de l’urgence.
En effet, l’évolution de la situation écologique et climatique est suffisamment progressive pour que l’alarme puisse être ignorée, on ne change pas nos comportements car l’urgence n’a rien d’une évidence. A l’inverse, un changement radical aurait probablement l’effet de nous alarmer de sorte à ce que nos comportements changent, et ce qui devait n’être une crise en resterait une.
Mais bien que l’on ait connaissance de notre impact climatique depuis plusieurs décennies, l’humanité ne s’est pas adaptée et là où est habituellement appliqué le principe de précaution, elle se terre dans l’inaction.
Si l’on s’en tient à la définition suivante de la folie, une altération du rapport au monde. Alors l’écologie rend le monde fou, et distingue plusieurs profils dans cette folie.
Il y a eux dont la folie est de rester calme, qu’ils soient climato-sceptique ou climato-négationnistes, adeptes de la théorie du complot ou viles manipulateurs de données, ils refusent la réalité du changement qui s’opère et vivent dans un monde parallèle où aucune menace ne vient peser sur leur existence. Ils sont paisiblement suivis par les quiétistes, qui sans
ignorer tout à fait les signes, pensent un retour à la normal par la force du temps ou de l’ingéniosité naturelle de l’humain qui s’en est après tout toujours sorti.
Puis il y a ceux que la folie agite, pris de frénésie, ils veulent renforcer le contrôle sur la terre et ses mécanismes qu’on ne maîtrise encore que trop peu, la solution se cachant probablement dans un élan de modernité. Pour les autres, sans ignorer les signes, ils ne cherchent pas à y remédier se laissant aller à l’anxiété, la dépression, à la torpeur et au désespoir. Puis il y a les plus fou encore, ceux qui pensent profondément que la rationalité humaine peut inverser la situation sans bousculer ou éclater le cadre des institutions existantes.

Il semble raisonnable d’apprendre à vivre avec ce que l’on ne peut changer, sans s’abandonner dans les bras du déni, ou espérer une solution irraisonnée. Il est factuel qu’on ne peut échapper à son appartenance au monde, et il mute, il nous faut s’adapter à cette situation résolument définitive. Peut faut-il pour cela rétrogresser et se laisser aller au désespoir, non à l’être soi-même, mais à ne plus compter sur le temps pour réparer nos erreurs et restaurer le climat à l’échelle de notre existence.
HOMME ET NATURE :
UN ANIMAL CULTUREL ?
Le rapport humain au monde, profondément aliéné, lui fait redécouvrir au travers de la crise écologique son appartenance à la nature. Or, cette simple formulation atteste du fait que l’homme se conçoit dans la distinction de la nature et non en appartenance à cette dernière. Ainsi, aborder la crise climatique affirme brutalement l’appartenance humaine à la nature, ce qui est le plus souvent vécu comme une profonde rétrogression, un retour à la préhistoire en totale absence du modernisme. séparément, leurs définitions restent interdépendantes, il ne s’agirait donc plus de deux domaines distincts mais de deux portions indissociables d’un même concept.
Ainsi, il ne semble ni possible ni pertinent de les distinguer tel que nous le faisons, et la faute est imputée au langage. En effet, le terme culture, domaine de l’humain, appartient à une catégorie sémantique codée. Autrement dit, elle revoit au spécifique et de ce fait attire l’attention dans un discours, au contraire, la nature appartient à une catégorie sémantique non codée et n’attire donc pas l’attention. Pour mener un discours sur le réchauffement climatique qui alarme, il faut rectifier l’attention de sorte à ce qu’elle puisse être portée sur le concept de nature, central dans cette question.

Le langage n’est pas la seule composante du rapport qu’entretient l’humain avec la nature, sa position au sein du rapport lui-même est à questionner. Ainsi, la nature occupe la place d’objet placé sous le regard de l’homme, sujet, et ce de par notre conception - culturelle - du rapport que nous entretenons avec. La nature n’a donc pour rôle que d’être regardée, objectifiée et c’est la raison pour laquelle parler d’appartenance à la nature n’a pas sens.
De ce fait, l’écologie affole, car elle nous confronte brutalement à l’instabilité du concept de nature auquel, objet distinct de nous auquel on ne souhaite pas appartenir pour conserver notre essence d’animal culturel moderne intacte. Et pourtant cette opposition qui nous semble si évidente, n’est pas réelle. Ensuite, bien que la nature soit considérée différente de l’homme, il n’est pas rare qu’elle soit employée pour proscrire et prescrire toutes sortes de normes, qu’elles soient légales, morales, respectable ou encore religieuse, l’homme pourtant culturel ne doit pas s’adonner à des actes contre-nature. L’injonction naturelle vient s’insinuer dans son être propre, il ne doit ni aller “contre sa nature” ni la laisser prendre possession de lui et lutter contre certains travers qu’elle lui dicte et ainsi la réprimer. Il n’est pas rare non plus qu’elle soit également invoquée pour masquer une idéologie, l’artificiel ou encore pour chercher à tromper, on parlera de naturalisation. Il ne s’agit donc pas à l’évidence d’un concept qui puisse unifier.
La naturalisation est un concept sur lequel il est prudent de porter un regard critique, car l’énonciation d’un état de droit ou de quelque affaire humaine n’a rien de naturel, car s’il y a bien une chose que ne fait pas le monde naturel, c’est dicter la conduite de l’homme. Malgré cela, le monde naturel porte en lui une série de prescription insoupçonnée au premier abord, le décrire notamment, implique de suivre certaines règles de neutralité et d’objectivités. Cette charge prescriptive s’avère peut être même plus importante que celle de l’appel à la nature que nous avons abordé précédemment.
SCIENCES : CONTROVERSE, SCEPTICISME ET RESPONSABILITE
Le discours climato-sceptique a exploité de l’instabilité que connaît l’appel à la nature. En parallèle, les lobbies s’emploient à créer le doute sur l’origine voire sur l’existence du dérèglement climatique afin de préserver l’intérêt des grandes entreprises. En effet, une prise de conscience de la problématique mènerait à une prise de décision politique, impactant leur activité

Le langage a également été un levier de cette manipulation, en effet remplacer le terme réchauffement global, explicite, par changement climatique met la problématique à distance, le changement n’étant pas qualifié et inhérent au fonctionnement du monde, il n’alerte pas. La réalité est ainsi masquée avec toute la charge prescriptive qui l’accompagne, car si l’on ne peut la combattre directement en assumant qu’on refuse de bousculer ses habitudes et de ne plus laisser la priorité absolue à ses intérêts financiers. Ainsi, il est plus avisé de jeter le doute sur le fait scientifique lui-même, car s’il n’est pas accepté comme réalité, on peut se dégager de la responsabilité qui appelle à la réponse comportementale. C’est là toute la dynamique climatosceptique, celle du doute, afin que les faits eux-mêmes ne suffisent plus. Le doute est puissant, car tant qu’il subsiste, les orientations des acteurs restent multidirectionnelles et n’oeuvrent pas dans un objectif commun de préservation climatique.


La convention citoyenne pour le climat constitue la première expérience démocratique française, en effet, constituée de 150 citoyen.ne.s sélectionnés par tirage au sort, elle a pour objectif de déterminer une série de mesures visant à endiguer de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

Nous allons donc nous intéresser à sa constitution, aux missions qui lui a été confiée aux méthodes qui ont été utilisées pour les remplir et aux résultats des travaux qui ont été menés.

La convention citoyenne pour le climat est d’origine présidentielle, suite au grand débat national avec les “gilets citoyens”, décidée sous le mandat d’Emmanuel Macron. Ainsi, les participants, 150 citoyens et citoyennes français ont été tirés au sort de façon à constituer un groupe représentatif de la société française. Six critères de sélection ont été utilisé : le sexe, l’âge, le niveau de diplôme, la catégorie socioprofessionnelle, le type de territoire de résidence et la zone géographique, le tout sous la houlette de l’institut Harris interractive ainsi que sous la supervision d’un huissier de justice et du comité de gouvernance de la convention citoyenne.
On a confié au groupe établi la mission de déterminer une série de mesures visant à diminuer de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 afin de lutter contre le réchauffement climatique. Ainsi, différentes thématiques ont pu être abordées telles que la rénovation énergétique des bâtiments, l’agriculture, les mobilités, la fiscalité écologique. D’autres leviers d’action jugés pertinents ont également pu être abordés. Ainsi, le président de la république Emmanuel Macron s’est engagé à ce que les différentes propositions puissent être soumises par référendum, à un vote parlementaire ou par application réglementaire directe.

La convention citoyenne base ses propositions de mesures sur données et travaux issus d’experts, afin de ne pas influencer les décisions, les experts sélectionnés présentent des avis contradictoires sur les thématiques abordés.
A la suite de cela, l’assemblée élabore des propositions de lois visant à lutter contre le réchauffement climatique, lesquelles se font au cours d’échanges en sous groupe avec l’assistance de spécialistes du dialogue citoyens. Les citoyens sont assistés de juristes afin de les aider à traduire leurs idées de mesures en termes juridiques. Les citoyens ont été répartis en 5 groupes thématiques avec chacun un problématique à résoudre :

Se nourrir (alimentation et agriculture)
Se loger (habitat et logement)
Travailler et produire (emploi et industrie)
Se déplacer (aménagement et transports)
Consommer (modes de vie et de consommation).
Le travail nécessaire à l’accomplissement de la mission de la convention a été divisé selon un calendrier précis.

Il a résulté de ces séances 149 mesures proposées, en février 2021, le gouvernement affirmait que 75 d’entre elles étaient déjà en œuvre et que 71 seraient en cours, malgré cette allégation, les mesures en question n’auraient été reprises que partiellement et d’autres n’auraient pas été retenues. Un vote sur l’appréciation de la transposition des propositions et sur l’adéquation des mesures prise par le gouvernement au regard de l’objectif fixé n’ont obtenu respectivement que 3.3/10 et 2.5/10.


PAYSAGES IMAGINÉS,
ÉNERGIES RÉINVENTÉES